
Ma vie de non maman poule
Je ne suis pas une maman poule, c’est un fait indéniable. Pendant mes études de psychologie un enseignant me disait toujours qu’il ne fallait jamais anticiper la douleur, un malheur ou une difficulté car nous la vivrons deux fois : dans l’anticipation et au moment où cela arrive. Alors il valait mieux vivre les évènements lorsqu’elles surviennent.
Tu le sais aussi nous ne souhaitons pas avoir d’autres enfants bien que la majorité des personnes nous disent que l’on changera d’avis, pour nous c’est acté. Je sais ce que je veux, ce que je suis capable de faire ou pas et je ne veux pas plusieurs enfants. De ce fait, étant donné que ma fille est donc unique je ne voulais pas qu’elle soit le centre de toutes mes attentions. Je ne souhaite pas être sur son dos, ni l’accaparer constamment alors j’ai décidé qu’une éducation basée sur l’indépendance me conviendrait le mieux.
Cela ne veut pas dire encore une fois que j’aime moins ma fille, ou que je suis mieux qu’une autre maman c’est juste ma vision des choses que je partage aujourd’hui, je suis de nature no stress et j’ai voulu le rester.
Je suis à l’écoute de son besoin d’autonomie
Je ne sais pas si c’est une chance ou pas mais pour le moment je n’ai pas un bébé « koala ». Elle ne réclame pas spécialement les bras, je peux vaquer à mes occupations quotidiennes sans qu’elle hurle à la mort. Par contre, elle aime bien que l’on s’occupe d’elle et surtout de la même manière. Elle a ses habitudes et sait très bien qui fait quoi à la maison. Aussi ma fille aime bien découvrir par elle-même et a souvent besoin d’être seule pour se calmer quand elle crise. Je n’entrave pas sa demande d’autonomie au contraire mais toujours de manière encadrée. Par exemple, elle sait tenir sa cuillère pour manger je lui laisse donc faire à la fin du repas (sinon à 16h on est encore là) ou encore elle veut constamment sortir du transat alors je lui laisse un peu plus de temps par terre dans son tipi.
Trés rapidement nous avons eu un petit « programme » pour que chacune de nous puisse cohabiter au mieux et avoir du temps pour soi. Cela m’a permis de bien identifier ses phases d’éveil, ses heures de repas et de repos. Enfin, elle a également des périodes « maman » où là je me consacre à elle à 100 %. Cela s’est installé naturellement entre nous jusqu’à ma reprise du travail cette semaine.
Je n’appréhende pas nos séparations
Lorsque ma fille a commencé l’adaptation en créche, j’ai reçu une avalanche de messages de soutien de la part de ma belle-famille. Or, je n’étais ni triste, ni anxieuse, ce n’était pas une étape que je redoutais. Comme on dit en créole : « on ne fait pas les enfants pour les garder toute notre vie prés de nous » à un moment donné chacun doit être autonome sans oublier qu’on est une famille. J’ai toujours expliqué à mon enfant sans lui mettre la pression qu’elle irait à la crèche, qu’elle ne me verrait pas de la journée mais qu’elle retrouverait son foyer au complet le soir. Surtout que je n’étais pas inquiéte de la confier à cette structure car j’avais confiance en chacun des adultes et qu’elle n’avait rien à craindre. La créche m’a bien évidemment dit que je pouvais appeler quand je veux pour prendre des nouvelles mais j’ai refusé : il fallait que je la laisse vivre pleinement sa journée et moi la mienne de mon côté.
Ce que j’appréhendais c’était surtout les heures de siestes, c’est pourquoi pendant les vacances d’été j’ai décidé de mettre en place les dodos sans maman et depuis tout roule. Et j’ai été très fière de la voir s’endormir comme à la maison lors de sa semaine d’adaptation.
Je ne pourrai jamais écrire de grands discours
J’ai écrit une lettre à ma fille que j’ai glissé dans son album de naissance. C’est plutôt quelques phrases de sagesse, de conseils et de bienveillance pour surmonter les épreuves de la vie qui ne sont pas toujours faciles que je ne lui souhaite pas de vivre. Je ne suis pas une grande sentimentale et sans vouloir être une mère abominable je ne peux pas dire que c’est ma fille qui a donné un sens à ma vie. J’aimais ce que j’étais avant, cela fait partie de moi et sa naissance ne m’a pas fait dire que « tout-le-monde-devrait-connaître-ça ». Je respecte chaque point de vue et je peux aisément comprendre que l’on n’aspire pas donner la vie.
Mon amour pour elle est unique, éternel et il n’aura jamais besoin d’être prouvé. Je ne veux pas qu’elle fasse les choses pour me faire plaisir mais parce qu’elle le souhaite même si ce ne sont pas mes croyances et mes convictions. Je lui ai donné la vie – sa – vie et elle ne me complète pas c’est plutôt un prolongement, une continuité. Son histoire c’est elle qui l’écrira, je suis celle qui l’accompagnera au mieux aux cours de ses premiers chapitres. C’est à moi que revient la lourde de tâche de développer sa créativité, répondre à sa curiosité ou encore
Je ne suis pas de celle qui rêvait de donner la vie comme je l’ai déjà expliqué dans plusieurs articles. Peu de personnes comprennent cet état d’esprit mais la maternité c’est dur, c’est même très dur au delà du plaisir que cela procure, il y a des périodes compliquées. Et les instants de bonheur passés avec ma fille n’effacent pas tous les doutes et les questionnements. J’ai juste appris à vivre avec, à voir le côté positif et surtout de mesurer ma chance d’avoir pu donner la vie sans complications.
Alors oui, j’ai quand même un coeur de maman : j’ai un pincement quand elle se fait mal ou quand elle est malade. Mais je m’efforce de ne pas rester dans l’état d’inquiétude trop longtemps, c’est un état que je vis de manière passagère. Je veux avant tout lui apprendre à être heureuse, à profiter de la vie, à se trouver belle, à avoir confiance en elle, à ne pas perdre espoir et à écouter son coeur.
Pititefleur
29 août 2017 à 9 h 38 minJe n’appréhende pas non plus la séparation dans 3 semaines, je sais qu’elle sera très bien dans la structure que nous avons choisi. Par contre, je suis un peu triste car elle commence tout juste à avoir de belles interactions avec nous et que je ne pourrais pas en profiter pleinement.
Pour le reste, je me retrouve beaucoup dans ton texte. Je suis également que l’on ne fait pas des enfants pour les garder avec soi et qu’on leur donne la vie, mais une vie à eux pour en faire ce qu’ils souhaitent.
Je retiens les premières lignes de ton article comme un mantra, j’ai vraiment ce souci d’anticipation et en effet, en plus de ne pas changer les choses on subit les catastrophes en double !
Sandra
29 août 2017 à 21 h 02 minC’est vrai qu’à partir de 3 mois c’est super d’interagir avec bébé et je suis contente d’avoir 2 mois supplémentaires pour vivre tous ces moments. Franchement, le jour où j’ai entendu cette phrase sur l’anticipation ça m’a vraiment fait réfléchir et j’ai petit à petit lâcher prise et ça fait du bien surtout quand tu as un enfant où tout peut arriver…
Madame Lavande
29 août 2017 à 10 h 07 minJe me retrouve pas mal dans tes mots. Comme toi je n’ai pas appréhendé la séparation, qui s’est d’ailleurs très bien passée. On m’a beaucoup dit pendant mes premiers mois d’allaitement que si ça durait « trop longtemps » (visiblement il y a une date limite pour certains…) ma fille serait trop fusionnelle avec moi et ne saurait pas gérer la séparation. Au final rien de tout cela s’est produit, j’ai allaité pendant 1 an et ma Biscotte fait partie des moins sauvages parmi les enfants du même age que nous côtoyons. .
Je trouve ta dernière phrase tellement vraie, elle résume tout !!
Sandra
29 août 2017 à 21 h 19 minMerci pour ton témoignage, je confirme moi aussi vu que ma fille pleurait beaucoup et que je l’ai énormément porté tout le monde me disait qu’elle s’habituerait … ici aussi c’est la plus autonome de la crèche et celle qui se débrouille le mieux 🙂 merci j’espère y arriver je fais tout pour 🙂
Picou
29 août 2017 à 10 h 30 minJ’aime beaucoup ton regard réaliste et décomplexé, évidemment tu as bien raison nous avons toutes nos caractères et un rapport à la maternité différent, et c’est aussi ce qui fait la richesse du monde qu’on ne soit pas tous pareils. Comme toi je ne suis pas trop stressée des séparations et autres, et je me culpabilise heureusement assez peu. Par contre, je suis démonstrative et câline avec mes filles et j’espère ne pas trop les étouffer.
En revanche, je crois que tu lui laisses sans t’en rendre compte beaucoup plus de mots d’amour que tu le dis, parce qu’aussi « terre à terre » que puisse paraitre ta vision des choses et ton texte, on y lit aussi, et surtout ,beaucoup d’amour!
Sandra
29 août 2017 à 21 h 47 minMerci ma chère Picou, c’est vrai que j’ai en effet beaucoup d’amour pour mon unique fille et ce malgré ma pudeur au quotidien. C’est ma manière à moi de l’aimer et je crois qu’en étant si indépendante elle comprend parfaitement que c’est ma façon d’aimer 🙂
Die Franzoesin
29 août 2017 à 11 h 17 minComme souvent j’adore ton article je suis impressionnée par ta sagesse et d’un autre côté soyons honnête je ne m’y retrouve pas du tout : je suis du genre notamment à énormément redouter les séparations. J’ai l’impression que c’est quelque chose que je ne maîtrise pas, j’ai un rapport « animal » à la maternité, comme un besoin physique de sentir ma portée près de moi le plus souvent possible. Mais j’espère quand même ne pas être étouffante, la belle sociabilité de mon ainé me rassure sur ce point.
Sandra
29 août 2017 à 21 h 51 minMerci beaucoup, ce n’est pas simple d’avoir cette sagesse mais on va dire que j’ai profondément apprécié cette éducation que m’a transmise ma mère… oh ne t’inquiète pas ma maman est comme toi même à 29 ans quand je sors je dois l’appeler, elle n’a jamais été tranquille lorsqu’on se sépare mais je me dis qu’elle en a sans doute besoin alors je réponds 🙂
MamanDe4
29 août 2017 à 12 h 36 minTon texte ne reflète pas du tout de côté « mauvaise mère » comme tu pourrais le penser ! Le principal pour moi est de trouver un équilibre qui correspond au besoin de toute la famille. Se forcer à être quelqu’un qu’on n’est pas serait pire. Et je trouve absolument remarquable toute cette sereinité qui se dégage de ton texte.! Vous êtes très heureuses ensemble, semble-t-il, et c’est ce qui compte ! 🙂
Marine Pellequer
29 août 2017 à 13 h 10 minTrès bien écrit, une belle philosophie de vie dans laquelle je me retrouve
Merci pour ce partage ma jolie Sandra❤️
Sandra
3 septembre 2017 à 9 h 46 minMerci ma jolie Marine pour ton passage ici 🙂
Maman Sur Le Fil
29 août 2017 à 22 h 15 minChacune aura ses sentiments, son vécu et ses émotions propres… je ne suis pas sur la même longueur d’onde que toi sur tous ces sujets (et heureusement que nous sommes toutes différentes), mais que j’aime ton recul, plein de bon sens. Que j’aime ta façon d’exprimer tout cela Sans détour, Sans arrière pensée ! On sent toutes les convictions d’une femme, d’une culture, toujours bien présente !
Encore merci pour des partages toujours enrichissants !
Sandra
3 septembre 2017 à 9 h 48 minCela me fait toujours plaisir de voir les mamans qui ne partagent pas forcément mon point de vue mais qui prennent le temps de me lire quand même. Oui, c’est vrai que ma culture est là ce n’est pas simple parce que je ne suis pas chez moi mais il important de ne pas oublier surtout dans l’éducation de ma fille 🙂
Merci encore de me lire 🙂
Madame Bobette
31 août 2017 à 17 h 19 minJ’aime beaucoup le ton de ton article et ta manière de prendre du recul sur toi-même. Comme toi, ma puce a un grand besoin d’autonomie et j’aime beaucoup ça. Je suis présente quand elle en a besoin mais je sais la laisser seule quand elle le désire. J’étais aussi contente de reprendre le boulot et de la laisser chez la nounou. Bon d’accord, j’ai quand même eu un petit pincement au cœur le premier jour mais depuis, on est tous content de se retrouver quand on peut et de repartir ensuite chacun à nos vies d’adultes ou d’enfant.
Par contre, contrairement à toi, même si je ne dirais pas que Tess a donné un sens à ma vie, c’est clairement la plus belle chose qui me soit arrivée. C’est une expérience pleine d’amour que je peux souhaiter à tout le monde. Mais je peux comprendre ton point de vue même si j’ai du mal à me l’imaginer.
Encore un bel article que j’ai eu plaisir à lire 🙂
Sandra
3 septembre 2017 à 9 h 51 minMerci Madame Bobette,
Je comprends également que l’on c’est une belle chose la maternité mais je respecte celles et ceux qui ne souhaitent pas la vivre. Pour ma part, il est clair que je serai passée à côté de quelque chose si je n’avais pas eu ma fille c’est sûr.
Merci pour ton témoignage, je me sens moins seule sur la demande d’autonomie débordante de ma fille 🙂 et merci pour ta fidélité 🙂
Kassandra
21 janvier 2019 à 15 h 14 minJ’ai un article dans mes brouillons qui traite à peu près de la même chose.
Je ne savais juste pas trop comment l’aborder.
Je trouve ça tellement plus sain d’avoir ta vision des choses qui est presque la même que la mienne à ce niveau.
Jamais je n’ai eu de réticence à emmener mes enfants à l’école ou à la crèche. Depuis 3 ans bientôt je suis séparée de leur papa, on a une garde partagée. La semaine ou ils ne sont pas la je ne suis pas triste… je profite. Quand j’ose, ö grand Dieu dire ça tout haut devant des mamans souvent je me prends des « Moi je ne pourrais pas » « moi ils me manqueraient trop ! » « Je sais pas comment tu fais »
Une « Amie » m’a dit aussi un jour « c’est super choquant ! Comment tu peux dire que tu es contente de passer la semaine seule pour souffler »
En gros, la société attend d’une maman qu’elle se morfonde, qu’elle ne vit qu’a travers ses enfants… Je ne suis pas d’accord. Une maman doit vivre d’une part pour son enfant mais d’autre part pour elle. Si elle est bien, se sent bien, elle sera une bonne maman à mon sens.
Sandra
21 janvier 2019 à 15 h 46 minMERCI pour ton témoignage ça me fait plaisir. Encore aujourd’hui à bientôt 2 ans rien n’a changé je pense toujours pareil.
J’évite les discussions où les mamans pleurent à la rentrée du petit dernier car moment franchement je n’attends que ça : qu’elle rentre à l’école !!!
Je crois que cette idée que l’on doit obligatoirement « supporter » nos enfants H24 est encore ancrée et que malheureusement nous passons pour des mères sans cœur …